La ligne Lison - Lamballe
Historique
La Bretagne n'a été pourvue qu'assez tard de voies ferrées. Sous la Monarchie de Juillet, aucune n'atteignait encore notre région. La première apparition d'un train en Bretagne eut lieu à NANTES le 21 août 1851. RENNES attendit plus longtemps,1857. En 1855 avait été opéré le partage des voies ferrées destinées à desservir la Bretagne, entre le Compagnie de l'Ouest pour la partie Nord et la Compagnie de Paris - Orléans pour la partie Sud. En 1862, le réseau de l'Ouest et celui du P.O. étaient reliés. L'année suivante fut une année faste pour les Briochins qui purent assister à l'inauguration de la ligne RENNES-GUINGAMP.
En 1864 fut mise en service la ligne RENNES - SAINT MALO. BREST ne fut atteinte que le 26 avril 1865. Toutes les grandes villes de Bretagne sont desservies par des trains en 1867, sauf DINAN, LANNION, LOUDEAC, PLOERMEL et CHATEAUBRIANT. Pour aller de BREST à CHERBOURG, il fallait passer par LE MANS et CAEN, et jusqu'en 1879, il faudra 24 heures pour effectuer ce trajet. C'est seulement cette année-là que fut établie la liaison de la Bretagne à la Normandie par la ligne LISON - LAMBALLE.
Dès le 17 août 1858, l'Empereur, passant à SAINT-BRIEUC, disait à l'ingénieur en chef de la Compagnie de l'Ouest : "surtout n'oubliez pas DINAN !". Le 24 novembre 1865, le Ministre des Travaux Publics recevait à SAINT-MALO la municipalité de DINAN, et n'hésitait pas à déclarer : "Dans un avenir plus ou moins rapproché, la ligne CHERBOURG - BREST sera exécutée et passera par DINAN".
Le chemin de fer AVRANCHES - DOL - DINAN était impérieusement exigé par les besoins commerciaux non moins que par la défense du pays. La ligne DOL - DINAN - LAMBALLE est le tracé stratégique puisqu'il est le plus court chemin de CHERBOURG à BREST, et que, se tenant à distance respectueuse de la côte, il n'expose pas la nouvelle voie à un coup de main de l'ennemi qui pourrait en quelques heures, avec le tracé de JOUVENTES (souhaité par la municipalité de SAINT-MALO et passant par la Rance sur un pont difficilement réalisable), couper les communications entre les deux grands ports. En mai 1868, un nouvel exposé des motifs militait en faveur du passage par DINAN.
Tracé
Si le décret du 4 juillet 1868 approuvait une convention pour l'établissement d'une voie ferrée de SAINT-LO à LAMBALLE, le premier coup de pioche ne fut donné que le 22 mars 1877 dans la tranchée de la Saudrais en PLEUDIHEN et, le lundi 22 décembre 1879 on fixait à l'entrée du viaduc de la Fontaine des Eaux, les derniers rails.
La ligne de DOL - DINAN - LAMBALLE quitte la ligne de RENNES à 516 m en amont de la gare de DOL, tourne à droite par une courbe de DOL à DINAN. Après PLERGUER, elle passe le fond tourbeux de la rivière de "Melleuc", où il a fallu enfouir plus de 30 000 m3 de terre, coupe la route de RENNES à SAINT-MALO, dessert la gare de MINIAC-MORVAN puis sort de l'Ille-et-Vilaine pour entrer dans les Côtes-du-Nord. Descendant le vallon, au bas duquel coule le ruisseau de "Coëtquen", elle remonte ensuite, légèrement jusqu'à la gare de PLEUDIHEN puis décrit une vaste courbe et, laissant un peu à gauche le bourg de LA VICOMTE, arrive au viaduc de Lessart, à 900 m en aval de l'écluse du Chatelier. A partir de là, elle s'élève pour gagner le plateau de TADEN, puis le ravin de la Fontaine des Eaux, qu'un second viaduc lui permet de franchir pour arriver à la gare de DINAN. Après cette ville, le chemin de fer tourne à droite vers QUEVERT, la voie se développe sur le versant du bassin de Malaunay, passe la coulée des Bretz sur un énorme remblai et atteint le plateau de LANGUENAN, le point le plus élevé de la ligne. Puis la voie descend sur le bassin de l'Arguenon dont elle traverse un affluent, la petite rivière de "Montafilant", sur un remblai haut de 24 m précédé et suivi de profondes tranchées ouvertes dans le granit. La ligne s'infléchit ensuite fortement à gauche pour aborder la vallée de l'Arguenon au bas de laquelle se trouve la gare de PLANCOET. Après celle-ci, la voie franchit un pont métallique et s'élève, à travers contreforts et ravins, sur un parcours de 3 km pour atteindre le plateau de LANDEBIA. La ligne traverse la vieille forêt de la Hunaudaye, laisse, à 1 km à gauche, le village de Saint-Aubin, franchit la rivière du "Gouessant" et rejoint, à LAMBALLE, la grande ligne de PARIS-BREST.
La longueur totale de la voie ferrée est de 68 km 995, 40 km 267 de LAMBALLE à DINAN et 28 km 728 de DINAN à DOL. Les rails en acier ont 8 m de long et pèsent chacun 240 kg. Il y a 7 stations, toutes pourvues de pont à bascule de 20 T, 3 grues de 6 T sont installées à DINAN - PLANCOET et PLEUDIHEN.
Autres lignes
L'époque moderne viendra avec le chemin de fer, sa vitesse, sa puissance de transport, sa régularité et sa sécurité. Pour la première fois les voyageurs connaissaient exactement l'heure de départ et celle d'arrivée ainsi que le coût du voyage ... Mais le chemin de fer n'atteindra DINAN qu'après le guerre de 1870, en décembre 1879 exactement, avec l'ouverture de la ligne LISON - DOL - LAMBALLE, concédée à la Compagnie de l'Ouest. Puis viendront DINAN - DINARD en 1886 et DINAN - LA BROHINIERE en 1896.
Au début du XXè siècle, DINAN sera reliée au réseau départemental breton par la ligne DINAN - COLLINEE, ligne qui ne sera d'ailleurs ouverte au trafic que de 1925 à 1937, trop tardivement pour lutter contre la concurrence de l'automobile.