Le poste Vignier
La première histoire
Les postes d'aiguillage de la gare de DINAN
Depuis 1993, la gare de DINAN est équipée d'un petit poste à verrous commutateurs et serrure centrale d'enclechement à clés de type "S" (appellation ancienne, serrure Boure, du nom de son concepteur Paul Boure, inspecteur à la compagnie du PLM). Cette installation assure la sécurité des circulations jusqu'alors dévolue à deux postes mécaniques :
- le poste 1 du type Vignier 1889
- le poste 2 du type Saxby - Etat 1890
Il faut rappeler que DINAN fut gare de bifurcation des lignes Lison - Lamballe / Dinan - La Brohinière à l'Ouest et Lison - Lamballe/Dinan - Dinard à l'Est. C'est à ce titre que la gare fut dotée d'appareils d'enclechement aux bifurcations, conformément à la circulaire du ministère des Travaux Publics datant du 2 novembre 1881 et au règlement de la compagnie de l'Ouest.
Il est donc fortement probable, en dehors de toute certitude historique -la documentation ayant été perdue- que les postes Vignier des premières générations aient été installés dès la mise en service des lignes Dinan - Dinard en 1887 et Dinan - La Brohinière en 1889.
Le poste 1 de DINAN
Situé près du passage à niveau n°164, il est du type Vignier 1889 à niveau, modèle standard de la compagnie de l'Ouest, jusqu'à son rachat par la compagnie de l'Etat en 1909. Le modèle 1889 résulte d'améliorations successives apportées par l'Ouest au niveau du système des enclenchements. La mise en service du poste 1 de DINAN peut être datée avec une quasi certitude d'avant 1914. Il n'a été déposé qu'en 1993, date d'installation du poste type "S".
Le poste 2 de DINAN
Situé à l'Ouest des installations de la gare, en direction de Lamballe, le poste 2 était du type Saxby -Etat 1890. Ces postes différaient du système Vignier essentiellement par la manière dont les enclenchements étaient réalisés. Le poste 2 a été mis en service en 1923. Il a été détruit par la SNCF en 1994, certaines de ses pièces ont pu être conservées par le musée du rail de DINAN.
Description
Les bâtiments de ces deux installations étaient identiques : toit à deux pentes, ossature métallique et remplissage de briques. Le plancher était en parquet. Le mobilier succinct se résumait généralement à une table et une chaise. Le poste était chauffé par un poêle à charbon placé au milieu de l'unique pièce. Sur les murs on pouvait trouver l'indispensable plan de voies, divers panneaux servant à l'affichage des notes de services et consignes diverses.
Le mobilier était complété par des équipements de sécurité comme les lanternes et autres feux de détresse. Le poste pouvait abriter épisodiquement certains outils et matériels des brigades de voie.
La seconde histoire
Il ne restait plus en 1994 hormis le poste 1 de DINAN, que deux autres postes Vignier encore en état, mais neutralisés. Appelés à disparaître du paysage ferroviaire national, il a semblé nécessaire au musée du rail de DINAN d'assurer la pérennité et la conservation de ce patrimoine technique, qui rappelons le, a constitué à son époque une avancée décisive dans la sécurité des transports par le rail. Le musée du chemin de fer de Mulhouse ne pouvant assurer, faute de place, la conservation de ce patrimoine, la SNCF l'a remis au musée du rail de DINAN naturellement placé pour le recevoir.
Le démontage
Une fois réglé les différentes formalités administratives de mise à disposition, le démontage a pu commencer. Il a été réalisé par les Amis du Rail Dinannais avec l'aide de personnels et de moyens techniques de la municipalité de Dinan. Le démontage, qui a du être effectué rapidement (4 jours), pour des questions de sécurité de circulation des convois de la SNCF s'est déroulé durant le mois de novembre 1994. Il a été effectué le plus minutieusement possible compte tenu des délais impartis, le but étant de conserver le plus de pièces d'origine possible. Les divers éléments ont ensuite été transportés à l'intérieur du musée dans une nouvelle extension laissée libre par la réorganisation de la gare de DINAN.
Le remontage
Bien que de taille modeste, le bâtiment devait rentrer dans une des salles du musée (ex salle des bagages de la gare). Dire que nous n'avons pas eu grand choix quant à l'emplacement serait une litote. Compte tenu de l'encombrement une seule position répondait aux exigences de hauteur. Il fut donc décidé de reconstruire l'installation au milieu de la nouvelle salle du musée.
Le remontage a été effectué par les membres de l'association, brique par brique pourrait-on dire. En fait, certains montants métalliques étaient trop dégradés pour être réutilisés en l'état et il a fallu les changer. Il en a été de même pour les briques dont une partie n'a pas résisté au démontage et qui ont été remplacées à l'identique. Le plancher a pu être conservé et remis en place. Le bâtiment a été couvert après remise en état d'une partie de sa charpente. L'ensemble du remontage a pris 7 mois.
Pièce majeure du poste d'aiguillage, la table d'enclenchement a bien sûr été conservée et remontée avec tous ses leviers. Faute de place les liaisons funiculaires n'ont pu être réinstallées.